Des enfants trop parfaits de Peter James
Posté par bouquinsprlefun le 19 février 2016
Des enfants trop parfaits
Avez-vous le souvenir de vos cours de génétique du lycée ?
Si oui, vous avez toute mon admiration. J’ai de vagues souvenirs, très flous et très mélangés. Il me revient à l’esprit un cours sur les allèles et tous ces trucs bizarres sur un caryotype, et je vois bien aussi le schéma d’un chromosome et de l’ADN. Par contre je me souviens surtout avoir obtenu un 4 / 20 à mon devoir sur les synapses et les neurones et ce fut pour moi un véritable drame. Quoi, personne n’est parfait ! Personne n’a la science infuse, si ? Ah oui, peut-être ceux qui avaient choisi de faire « S ». Ou les « spé maths »… quoi que… finalement qu’est-ce que la perfection ? Ce roman qui parle justement de la recherche de la perfection grâce à la science ravira tous ceux qui aiment … la science ! Je n’en suis pas vraiment férue mais je trouve que le sujet est passionnant tout de même. Et puis avouons que lire un livre, ce n’est pas très risqué ! Je vous le conseille donc, puisqu’il a aussi cet aspect « thriller » qui m’intéresse au plus haut point comme vous le savez depuis plus d’un an sur ce blog…
Une clinique flottante près de l’île de Cuba.
C’est l’endroit étrange où vont séjourner John, scientifique suédois et sa femme Naomi, attachée de presse pour le cinéma et la télévision, pendant un mois.
Halley était leur petit miracle, leur petit garçon décédé bien trop tôt.
Passionné des échecs et de photographie. A une addiction aux échecs en ligne, notamment avec un adversaire en particulier, australien.
La raison qui amène ces gens sur ce rafiot en haute mer est la suivante : ils veulent concevoir un enfant. La rencontre avec le docteur et éminent scientifique qui va les aider dans ce projet va être importante. Mais surtout, ils vont pouvoir intervenir sur les gênes de ce bébé. Entre autres, choisir les maladies génétique qu’il portera, sans qu’elles se déclarent chez lui. C’est un système très lucratif pour le docteur Léo Dettore puisque les parents se sont ruinés et ont emprunté à des proches la somme manquante.
Le fils de ce couple est mort d’une maladie génétique rare, dépendant des gênes des deux parents. Une chance sur quatre de retransmettre ces gênes à un nouvel enfant. Voilà ce qui les a poussés à réunir leurs chances de concevoir un enfant « sain ». et non un parfait petit génie ou un sportif surdoué.
John est à la fois enseignant, passionné de mathématiques et de biologie, joueur d’échecs et photographe durant son temps libre. Au travail, il conçoit des cerveaux primitifs virtuels afin de comprendre la formation du cerveau humain à l’origine.
Le mari et la femme ont des raisons différentes de douter des choix à prendre. Un enfant sur-mesure… c’est difficile à concevoir. Un enfant du futur : quel futur ? Comment s’adapter au nouveau genre humain si on ne sait pas à quoi il ressemblera ?
Le père se sent trop vieux et veut tout faire pour être à la hauteur. Mais il fait de mauvais choix. Il laisse l’alcool diriger ses pensées, parle entre autres à une journaliste des nouvelles innovations sans trop réfléchir…
La mère a énormément de mal avec les piqûres régulières, le mal de mer et bien sûr les doutes sur les cases à cocher, les options « enfant parfait ».
De plus, le docteur Dettore est mystérieux, ils ont interdiction d’approcher d’autres couples sur le bateau et ils ont vu que malgré la somme énorme dépensée, le docteur ne rentre pas dans ses frais. Sont-ils seulement des cobayes ?
Quelques semaines plus tard, de retour à Los Angeles, les choses se compliquent : les ennemis sont nombreux et le couple décide de profiter d’une aubaine, John est muté en Angleterre et Naomi est ravie de retourner dans son pays d’origine.
Le danger est-il extérieur et/oui intérieur à leur nouvelle demeure ?
Les progrès de la médecine / les croyances divines …
Conséquences de ces actes : ennemis, dangers, dommages collatéraux…
Les + : le journal intime de Naomi, qui fait part de ses doutes, du fait que les chances soient plutôt moyennes (50%) et qu’elle a peur de ne pas être prête etc… Des péripéties assez bien trouvées, par exemple sur le personnage du docteur Dettore, sur les surprises de la grossesse,… les inquiétudes du couple sur la santé de leur progéniture, les diverses citations très bien amenées… La complexité de l’histoire, les mobiles du clan adverse, les conséquences des choix de chacun des protagonistes qui rendent bien sûr le livre passionnant, vivant, et réel. Le lecteur peut ainsi s’interroger sur ses choix de vie, sur les avancées de la science, la société future, les conflits engrangés par de telles découvertes… Ce qui est le plus appréciable : les hypothèses, les questionnements que l’on a par rapport au thème et à l’éthique de ces choix génétiques dans le processus de procréation sont écrites juste après que l’on y ait pensé ! Et ce n’est pas du charabia incompréhensible, c’est écrit de manière très judicieuse. Il faut s’accrocher mais c’est intéressant et répond bien à nos attentes. Comment considérer l’inné, l’acquis, comment prendre en compte les difficultés, les enfants qui héritent de gênes porteurs de maladies, la trisomie 21, comment sont les enfants descendants de serial killer, de parents alcooliques, quelle filiation peut-on attendre de deux parents ayant des gênes porteurs de la même maladie ?
+ le huit-clos est sympathique
Le livre est complexe, on croit avoir tout compris, mais pas du tout. J’adore ce genre d’histoires enchevêtrées, pleines de suspicions et de multiplicité des hypothèses. Le lecteur plongera dedans avec bonheur. Et la fin est magistrale.
Quelle morale, quel symbole, quel mal à vouloir tout cela ? N’est-ce pas le résultat qui compte et non le chemin parcouru ? =cela me pose énormément de problèmes : les riches pourront reproduire des intellectuels, des érudits, des surdoués, et les pauvres recréeront forcément des êtres descendants de leurs propres gênes, porteurs de maladies, illettrés etc ? Si c’est le but de l’auteur, c’est très réussi.
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