Garden of Love de Marcus Malte
Posté par bouquinsprlefun le 28 mars 2015
Alexandre Astrid reçoit un jour par la poste un manuscrit anonyme intitulé Garden of love, placé ainsi sous le signe du grand poète anglais William Blake. Vite, entre les lignes, Alex, flic paumé sur la touche, y lit une version troublante, et même diabolique, de sa propre vie. A travers les «liaisons dangereuses» d’un trio de jeunesse – amours trahies, blessures d’enfance, fantômes et monstres d’antan – le mystérieux auteur omniscient brouille les pistes avec une grande perversion et ouvre, comme aux échecs, un jeu de manipulations. Alexandre est renvoyé à ses souvenirs les plus douloureux, ses plus grands vertiges. Le voilà à revivre un épisode déterminant pour lui : son affrontement avec Edouard Dayms, jeune homme aussi brillant que déséquilibré, d’une impressionnante emprise sur les autres. Alex fait alors ce qu’il sait faire : il enquête, fouille, fouine. Mais cette fois, sa matière, c’est son propre passé.
Avec la force et maîtrise déjà affichées dans la Part des chiens (Prix de la ville de Saint-Quentin) ou d’Intérieur nord (Prix du Rotary Club de la nouvelle), Marcus Malte fascine par la violence et la tendresse de son univers, par ses personnages livrés à leurs failles les plus intimes. D’une ambition formelle audacieuse, Garden of love offre un affrontement fatal entre passé et présent, raison et folie, palais des glaces impitoyable, mécanique machiavélique. Marcus Malte signe un roman palpitant et virtuose, peuplé de voix mystérieuses et troublantes qui susurrent à l’oreille confidences et mensonges, tentations et remords. En tendant un véritable piège. Avec beaucoup d’aplomb.
Voici le fameux poème, publié en 1794
“The Garden of Love” by William Blake
I went to the Garden of Love,
And I saw what I never had seen;
A Chapel was built in the midst,
Where I used to play on the green.
And the gates of this Chapel were shut,
And “Thou shalt not.” writ over the door;
So I turned to the Garden of Love,
That so many sweet flowers bore.
And I saw it was filled with graves,
And tomb-stones where flowers should be;
And Priests in black gowns were walking their rounds,
And binding with briars, my joys & desires.
„Both read the Bible day and night;
but you read black where I read white. »
Sans traduire parce que je trouve cela dommage, ce poème parle donc d’un magnifique jardin que le narrateur revisite après un long moment. Ce jardin était si beau, plein de fleurs, lorsqu’il était petit et maintenant si différent. Lorsqu’il y retourne, des pierres tombales ont envahi la nature, il y a une chapelle, à l’endroit où le narrateur jouait autrefois, et ses joies et ses désirs ont disparu. Il conclut : « Tous lisent la Bible jour et nuit, mais vous lisez noir quand je lis blanc. »
Ce poème lyrique est donc à la fois le symbole du temps qui passe, la différence entre son interprétation des choses auparavant et dans le présent, la dégradation des choses ou le changement « négatif », l’extension de l’Eglise et sa critique de l’Eglise malgré sa foi… Ses joies et ses désirs ont disparu : est-ce que cela rejoint son idée de la vie, de l’amour, ses rêves déçus, dérangés, son rapport à l’enfance ? Est-ce la faute à l’Eglise ? Et la dernière phrase exprime d’après moi son impression d’être différent des autres, peut-être à cause du changement de son jardin tant apprécié par le passé.
Mon avis :
Ce roman m’est tombé dans les mains un soir, alors que mon train était annoncé avec du retard. J’ai complètement craqué sur sa version poche, une superbe couverture qui m’a attirée tout de suite.
On se demande immédiatement pourquoi un thriller a pour titre « Garden of love ». J’ignorais totalement qui était William Blake et qu’il avait écrit un poème de ce titre, et du coup, j’ai lu le roman sans savoir à quoi ce titre faisait référence.Peut-être même que j’ai choisi le roman pour la couverture ET le titre ! Et même sans savoir, j’ai adoré. 9 sur 10 pour ce roman tout simplement excellent.
Pourquoi ? De quoi parle-t-il ?
Au tout début, on vous parle d’un homme marié, deux enfants, un troisième en route, qui s’apprête à fêter Noël. Il emmène ses enfants jouer sur la plage, près de la maison, et revoit un autre homme. Cet homme a fait partie de sa vie auparavant, il tient à lui c’est évident.
Revenu à la maison, il en parle à sa femme. Elle a l’air de connaître cette personne, mais ne l’aime pas du tout, c’est évident.
On tient là un bon début, on sait que l’avenir ne sera peut-être pas tout rose.
On vous parle aussi d’une femme mystérieuse, qui se prostitue. Et d’hommes qui la maltraitent.
Et puis, on fait la rencontre de ce policier particulier, qui a des relations particulières avec la police, justement, et un passé relativement douloureux (mais on ne sait pas de quoi il s’agit dans les premiers chapitres). Cet homme reçoit donc un ouvrage qui retrace son passé, et ne sait pas par qui il a été rédigé. Seulement, ce policier a un secret. Et celui qui a écrit le livre « Garden of love » est au courant de tout. Qui est-ce ? L’homme retourne dans son passé, entre dans une maison qu’il connaît bien pour y découvrir un cadavre….
Mes impressions
Un roman très bien rédigé, du suspense, des questions que le lecteur se posera tout au long du livre. A la fois dans le présent et le passé, dans un jardin et à la mer, on est vraiment subjugué par l’ambiance. Une version française superbe, qui se lit en deux jours, une écriture intéressante, pas trop complexe, assez fluide. Un roman avec du caractère. Un thriller qui nous fait du bien, pas trop violent et pas trop léger, juste comme j’aime. On a très envie de savoir le dénouement de l’affaire, et le flic est tellement impliqué qu’on a de la peine pour lui. Superbe affaire, superbe histoire. A lire absolument si vous aimez les polars.
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